Le monde vétérinaire à travers les médias
Demandez aux vétérinaires en activité et aux étudiants des écoles nationales vétérinaires ce qui les a poussés à s’orienter dans cette voie. Une majorité vous répondra qu’elle ne s’est jamais imaginée faire autre chose, que c’est un rêve d’enfant. Et si ce métier a autant la cote aujourd’hui, on peut se demander si les médias n’y sont pas pour quelque chose. En effet, on ne compte plus le nombre d’émissions télévisées consacrées aux vétérinaires en faune sauvage, aux urgentistes… Même les étudiants ont fait l’objet de reportages. Mais la télévision est loin d’être la seule à s’être emparée de l’univers vétérinaire : en avril 2016, Alain Finkielkraut recevait dans les studios de France Culture Yann Sergent, vétérinaire en élevages de vaches laitières – l’interview a d’ailleurs été retranscrite dans l’ouvrage Des animaux et des hommes. Vient ensuite le tour du cinéma avec Les Vétos, premier film de la réalisatrice Julie Manoukian, qui sortira dans les salles prochainement. N’oublions pas les réseaux sociaux, sur lesquels fleurissent chaque jour de nouveaux comptes dédiés à ce milieu. Les choses semblent claires : la figure du vétérinaire inspire.
Une image qui correspond à la réalité de la profession ?
Face à un tel engouement, nous sommes en droit de nous interroger. Le monde vétérinaire tel qu’il est perçu par l’imaginaire collectif dans les médias ne souffre-t-elle pas d’une image déformée et incomplète?
Dans toutes les représentations proposées, c’est avant tout la figure du praticien qui est mise en lumière au détriment des autres facettes du métier. En effet, le vétérinaire est également un acteur de la santé publique, puisqu’il intervient dans le contrôle des abattoirs et des produits d’origine animale dans le secteur agroalimentaire. Son rôle est fondamental dans le monde de la recherche puisque le développement de traitements destinés à l’homme passe avant tout par des tests sur les animaux dont le bien-être doit être assuré. Mais ce n’est pas tout, le vétérinaire est présent dans de nombreux autres domaines : l’armée, la fonction publique, l’industrie pharmaceutique, le conseil… Tous ces aspects du monde vétérinaire sont pourtant fréquemment ignorés des médias.
Si on retient souvent des diverses publications les bons côtés du métier, les problèmes auxquels sont confrontés les vétérinaires sont hélas rarement évoqués : en mars 2013, Le Point Vétérinaire – revue de référence pour la formation post-universitaire des vétérinaires – publiait un article sur l’épuisement professionnel au sein de la profession. Les chiffres sont sans appel : près de 40% des participants mettent en cause le manque de ressources et de moyens et 40% pointent du doigt une mauvaise organisation. Parmi les contraintes du métier, on peut aussi relever le fait d’être confronté à la détresse des propriétaires et des animaux, la nécessité de réaliser des gardes, de travailler certains week-ends… En bref, un vétérinaire ne compte pas ses heures.
Les médias au service des vétérinaires ?
D’un autre côté, les médias sont utiles à l’évolution de la profession vétérinaire. Ainsi, la presse dédiée au monde vétérinaire permet aux professionnels de prendre connaissance de l’actualité au sein du monde vétérinaire et participe à la formation continue de ces derniers. A travers les réseaux sociaux, les vétérinaires peuvent également créer un réseau de praticiens et non praticiens, favorisant la coopération et la cohésion entre confrères et consœurs.
Le mot de la fin
En 2011 à l’occasion du 250ème anniversaire de la profession vétérinaire, l’OIE (Organisation Mondiale de la Santé Animale) rappelait l’importance de communiquer sur le fait que les activités des vétérinaires « représentent un véritable Bien Public Mondial ». Il apparait donc fondamental que monde médiatique et monde vétérinaire s’allient au profit d’une approche intégrée de la santé publique, animale et environnementale.
Découvrez pourquoi les vétérinaires séduisent-ils l’industrie ?