Comment analyser le résultat d’une entreprise ?

Comment analyser le résultat d’une entreprise ?

Je vous propose 5 indicateurs clefs pour savoir comment analyser le résultat d’une entreprise facilement et rapidement en examinant le compte de résultat d’une entreprise.  Au delà du chiffre d’affaires qui constitue la base du compte du résultat et du résultat en lui même, qui sont deux indicateurs très faciles d’accès, il est intéressant de se pencher sur les grands équilibres qui composent le compte de résultat. C’est cette analyse qui nous permettra de comprendre la formation du résultat et d’en tirer des conclusions sur la performance de l’entité. Alors, comment analyser le résultat d’une entreprise ?

Le taux de marge

Indicateur essentiel dans toute entité, le taux de marge est à l’origine du calcul du seuil de rentabilité et du point mort. Nous parlons ici d’un taux de marge sur le chiffre d’affaires, c’est à dire chiffre d’affaires moins les charges variables, celles directement liées au chiffre d’affaires et donc proportionnelles. Ainsi, dans les activités de négoce le calcul de la marge sera le suivant :

[ventes de marchandises] – [prix d’achat des marchandises vendues]. Le taux de marge quant à lui est égal à [marge] / [CA].

Attention, nous parlons bien de prix d’achat des marchandises vendues, il est donc nécessaire de soustraire les stocks ( marchandises non vendues) pour établir le calcul de la marge. Les taux de marge sont en général spécifiques à une profession. Par exemple, le taux de marge moyen dans la restauration traditionnelle est de l’ordre de 70%. Ainsi, pour un menu vendu 20€ HT, le prix d’achat des ingrédients sera de l’ordre de 6€ HT (coef 3,33).

Le taux de marge est un indicateur utilisé notamment en cas de contrôle fiscal

Certaines charges variables indirectes peuvent elles aussi entrer dans le calcul du taux de marge :

  • Premièrement, les frais de port (pour le e-commerce par exemple)
  • Deuxièmement, les frais d’emballages (cartons, papier bulles, sacs, etc.)
  • Troisièmement, les frais accessoires (couverts jetables, serviettes, sachet d’huile piquante ou de sauce soja pour la restauration à emporter par exemple)
  • Dernièrement, Commissions variables (pour les commerciaux)

Dans les activités de services, nous retiendrons un taux de marge de 100%, sauf pour si vous recourez à des sous traitants. Dans une activité de SS2I ou d’interim, c’est bien une partie de la masse salariale (hors fonctions support) qui est une charge variable et qui entre dans le calcul du taux de marge.

Connaitre le taux de marge moyen d’une entreprise et le comparer par rapport aux standards du secteur permet de connaitre une grande partie de la performance de son organisation.

Le niveau de charges fixes

En complément du taux de marge, c’est bien le niveau de charges fixes qui nous permettra de fixer le point mort de l’entité, soit le moment où l’équilibre économique de l’entreprise est atteint (à ne pas confondre avec l’équilibre financier, qui nécessite de prendre en compte les délais de paiement, de stockage ainsi que le financement externe).

Les charges fixes impactent directement le résultat d’une entreprise. Leur analyse poste par poste permettra d’évaluer la nature de l’organisation nécessaire à l’entité pour produire son chiffre d’affaires. Les charges fixes sont composées des loyers, des abonnements (énergie, assurance, téléphonie, honoraires, documentation…), des frais de déplacements professionnels et de la masse salariale (hors direction qui reste un élément modulable dans les TPE).

A taux de marge constant, plus le niveau de charges fixes est fort, plus l’objectif de CA à atteindre sera important.

Seuil de rentabilité= Charges fixes / taux de marge

Il conviendra ensuite de comparer le seuil de rentabilité avec le chiffre d’affaires réalisé par l’entité pour connaitre le niveau de risque ou de « marge de manœuvre » dont dispose celle-ci.

La rémunération des dirigeants

Dans les TPE, la rémunération des dirigeants est modulée en fonction :

Du résultat de l’entité
De la trésorerie disponible
De la fiscalité en-cours
Des autres revenus du dirigeant (allocation Pôle Emploi, emploi salarié en parallèle, etc…)

Dans une TPE, la rémunération modulable du dirigeant influence nettement le résultat

C’est pourquoi, lors de l’analyse du résultat de l’entité, il convient de prendre en considération le niveau de rémunération des dirigeants. Un résultat de 50K€ est il une bonne perfomance si le dirigent ne s’est pas rémunéré ? A l’inverse, une société présentant un déficit est-elle en danger si dans le même temps, ce sont les 100K€ bruts du dirigeants qui ont fait basculer la situation ?

Les dotations aux amortissements

C’est la petite partie technique, celle que vous souhaiteriez probablement laisser de côté car c’est celle que vous comprenez le moins… la moins limpide. Je vais essayer de remédier à ça car les dotations aux amortissements sont d’une très grande importance dans la compréhension et l’analyse du résultat d’une entreprise.

Le niveau d’amortissement nous renseigne sur la vétusté ou le modernisme de l’outil de production

Pour faire simple, les dotations aux amortissements nous renseignent sur le niveau d’investissement réalisé par l’entité en cours des dernières années. Ainsi elle a une influence directe sur l’analyse : sommes nous face à une entreprise qui a massivement investi ou face à une société qui produit avec du matériel obsolète, dans des locaux vieillissants, etc. Le niveaux des dotations aux amortissements permet de mesurer les conditions de travail des salariés et de comprendre la performance de l’entreprise :

  • Fort investissement = augmentation du taux de marge
  • Fort investissement = baisse des charges fixes (consommation d’énergie, baisse de l’absentéisme, du turnover, etc.)

A l’inverse, un faible investissement peut expliquer la démotivation des salariés et la baisse du taux de marge dû à un outil moins performant.

Les résultats exceptionnels

Je parle ici des résultats exceptionnels a proprement parler (cession d’immobilisation, charge exceptionnelle)  et des résultat financiers (intérêts d’emprunt notamment). Ils n’ont a priori que peu d’influence sur l’activité courante de l’entreprise et on pourrait se passer de leur analyse. Toutefois, dans certains cas, ils viennent modifier sensiblement le résultat net de l’entreprise et il convient d’avoir en tête ces performances qui ne sont pas sensées se reproduire lors des exercices suivants. On peut noter notamment les résultats exceptionnels qui ont un impact positif sur le résultat et peuvent cacher un résultat d’exploitation peu flatteur :

  • Abandon de compte courant d’associé
  • Vente d’un immeuble
  • Vente de titres

Comment analyser le résultat d’une entreprise ? : conclusion

Au delà du résultat net, c’est bien l’analyse et la décomposition de ce dernier qui est intéressante pour pouvoir se projeter et comprendre les grands équilibres de l’entité. De nombreuses « astuces » comptables peuvent être à l’origine d’une analyse tronquée du résultat d’une entreprise, c’est pourquoi il convient de mener une analyse de cohérence sur les différents postes relevés précédemment.

J’ajouterais que les résultats sont toujours à mettre relief en fonction des moyens investis. Un résultat de 100 000€ sera une très belle performance si vous avez investi 10 000€, au contraire, si vous avez investi 100 millions d’euros, ce sera un échec pour les actionnaires.

Par ailleurs, en parallèle du compte du résultat, il convient d’analyser le bilan de l’entreprise pour appréhender le patrimoine de celle-ci.

 

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